Nadia El-Mabrouk
Série : Les Militants / Les Militantes |
En janvier 2019, sous fond de remugle idéologique, l’Alliance des professeurs de Montréal annulait la conférence de Nadia El-Mabrouk, une conférence devant être prononcée lors du colloque sur la laïcité les 18 et 19 février 2019. De plus, Mme El-Mabrouk se voyait bannie d’une table ronde sur le féminisme où elle était attendue avec la journaliste Pascale Navarro. Tout cela parce que ses idées sur le port du voile islamiste, notamment, étaient contraires aux positions publicisées de l’Alliance. Or, les membres de cet important affilié à la centrale FAE sont surtout progressistes.
Ce qui explique pourquoi, fin janvier, l’Alliance fit machine arrière et réinvita la professeur d’informatique théorique de l’Université de Montréal. Mais il était trop tard; le mal était fait, Mme El-Mabrouk refusa de se prêter au jeu. On connait la suite des choses.
Tunisienne ayant fait ses études supérieures en France et qui se fit québécoise au tournant de l’An 2000, Nadia El-Mabrouk avait vécu la montée de l’islamisme dans sa famille, son quartier, son pays. Ainsi, de voir ses propres enfants sous l’influence potentielle d’enseignantes ou gardiennes voilées dans le réseau public de Montréal la força à prendre la parole, à dénoncer le danger en perspective.
Sans pour autant délaisser sa chaire de haut savoir, elle en développa une nouvelle, plus accessible, plus populaire, pour bien expliquer en quoi le voile islamiste était l’expression d’un courant politico-religieux contraire aux intérêts sociaux et féministes du Québec. C’est cette militante féministe que Ferrisson a eu le plaisir de rencontrer par une journée ensoleillée de septembre où un froid insidieux faisait claquer les dents et où les travaux préparatifs à l’hiver contribuaient à dissiper le calme bucolique du Jardin botanique de Montréal
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Scientifique par vocation – Féministe par nature
Originaire de la Tunisie, Nadia El Mabrouk vécut la montée de l’islamisme. Quant elle quitta pour étudier en France, de nombreuses Tunisiennes se voilaient désormais en public, obéissant à une interprétation intégriste du Coran.
Détentrice d’un doctorat en informatique théorique, Nadia se retrouve à Montréal chercheuse en biologie computationnelle, de quoi vivre au-dessus de la mêlée dans une bulle de haut savoir. Mais voilà, elle a des enfants, ce qui lui fait constater la présence du voile islamique à l’école. Pour elle, ce foulard est, d’une part, un acte de prosélytisme politico-religieux pouvant influencer les enfants et, d’autre part, un symbole d’inégalité des sexes.
Tel « Malbrough s’en va-t-en guerre », Nadia fonce et s’implique pour une laïcité complète. Elle devient une militante médiatisée qui a ses détracteurs. On va jusqu’à interdir sa conférence à un colloque de l’Alliance des professeurs de Montréal.
Membre de PFD Québec, un regroupement féministe, et du Rassemblement pour la laïcité du Québec, Nadia El-Mabrouk est aujourd’hui une écrivaine conférencière qui continue à militer, notamment, contre les avancées religieuses hostiles à la Loi 21 sur la laïcité.
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