André Bélisle
Série : Les Militants / Les Militantes |
Un jour, André Bélisle constata que son paradis d’enfance, cet endroit idyllique où il y avait « une truite dans chaque goutte d’eau », était en train de dépérir, victime d’une malfaisance appelée « pluies acides ». Pire, il réalisa que les autorités s’apprêtaient à baisser les bras, faute de connaissances, de moyens, de courage. Ce constat changea sa vie. Le jeune monteur de ligne à la Baie James devint, sur le champ… ou presque, cofondateur de l’AQLPA, l’Association québécoise de lutte contre les pluies acides. Sa lutte fut véhémente, totale. Mais elle porta fruits. Tellement qu’André Bélisle s’intéressa au pourquoi de ces pluies. Il s’ensuivit une quête implacable, une saga solidement documentée, contre les émanations fossiles, ces gaz aux noms horribles, que des gens d’affaires vénéraient en dogme comme base à leur bonheur immédiat. L’AQLPA devint l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.
Cela conféra au jeune militant une omniprésence sur la scène environnementale. De dépotoir incandescent en brouillamini méthanier, de patente thermique en revitalisation de rivière, d’arnaque automobile internationale en combine de fracturation hydraulique, André Bélisle fit son chemin sur le parcours des socialement utiles. La méthode qu’il privilégia fut celle de l’éducation populaire, celle de la parole colorée d’un gars de bois, par opposition à celle édulcorée de la langue de bois. Il se fit tonitruant. Tribun. Il se fit éplucheur de grands rapports et asséneur de vérités. Et il gagne ses batailles. Grâce à lui, notamment, le Québec est aujourd’hui plus propre et respirable dans l’ensemble qu’il ne l’était au sortir des années 1970.
Face aux turpitudes politiques, une sale histoire d’hypocrisie québécoise, canadienne et internationale, André Bélisle aurait pu devenir cynique-fini au point de tout laisser tomber. Mais il ne l’a pas fait. Pas encore. À preuve, il cultive sa relève. Car, affirme-t-il, il en existe une; une qui est plus déterminée que jamais. Restez à l’écoute, vous verrez ! Contrairement aux Baby-boomers qui sont en fin de parcours et qui, à ce titre, peuvent s’en foutre, les jeunes savent qu’eux et leur progéniture devront vivre, un jour à la fois, dans la mouise des déréglements climatiques… si rien n’est fait de plus qu’il ne s’en fait maintenant.
C’est connu, les médailles du grand mérite machin ont toutes été décernées aux puissants personnages qu’André Bélisle a dû affronter. Il n’en reste plus pour le grand secoueur de l’AQLPA. Le coffre à joujoux est vide. Pourtant, dans le coeur des gens qui l’ont vu aller, le Bélisle, incluant les artisans de Ferrisson qui ont eu la chance de le rencontrer chez lui, sur sa terre au centre de la Beauce, il y a une réserve infinie de médailles. Des médailles de reconnaissance bien sentie par opposition au clin-clin m’as-tu-vu servant souvent d’embrigadement dans la caste des gras-durs.
Patrice-Guy Martin, notre intervieweur, est un environnementaliste qui a fait carrière dans le monde des communications. Son verdict, au terme de cette entrevue ? « J’ai adoré ! »
Bon visionnement.
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Militant naturel émérite et vétéran de nos luttes environnementales
Pendant quatre décennies, André Bélisle a eu à défendre les valeurs de la Terre sans cesse attaquées par ceux qui financent l’élection et la réélection de politiciens. Cette caste possédante s’assure ainsi qu’aucune législation environnementale ne viendra entraver leur enrichissement continu.
Fervent de la nature, André Bélisle a cofondé en 1982 l’AQLPA, organisme militant qui sera de toutes les batailles environnementales au Québec, des batailles généralement gagnées, précisons le. Pensons aux projets de centrales thermiques, à celui d’un port méthanier, à l’affaire Volkswagen ou à la loi contre les poursuites abusives.
Si aujourd’hui l’AQLPA est toujours pertinente, André Bélisle entend surtout communiquer son expérience unique à la relève. Car, explique ce tribun naturel, la relève est devenue essentielle face à l’incapacité scandaleuse des politiciens du G20. Le leurre du pouvoir à court terme les a stérilisés pour le pire.
Malgré tout, l’infatigable militance d’André Bélisle a fait avancer le Québec. En ce sens, l’homme mérite tout notre respect.
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