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Oui, nous sommes sur Facebook

Est-ce une bonne chose? Nous nous posons régulièrement la question et la réponse n’est pas évidente. Nous en arrivons à la conclusion que nous n’avons pas tellement le choix.

Nous sommes bien conscients de la rapacité, de l’avidité, de l’immoralité et de l’hypocrisie de cette méga-patente – alias le cartel Zuckerberg – c’est un état de fait documenté et dénoncé depuis plusieurs années.

Sauf que pour rejoindre notre auditoire, les personnes intéressées par les documents que nous produisons, à l’ère des réseaux sociaux et des plateformes numériques diverses, il nous faut bien utiliser les canaux qui existent. Et vous êtes nombreux à nous suivre sur Facebook et consorts.

C’est comme la cortisone que l’on se procure en pharmacie, un produit terrible pour l’organisme, mais dont certains effets bénéfiques sont incontestables. Les chercheurs n’ont encore rien trouvé pour remplacer cet ersatz hormonal. On l’avale et on le subit. Ou les autoroutes qui permettent tant aux ambulances qu’aux voitures des truands de s’y déplacer au travers des honnêtes citoyens et citoyennes.

Les exemples des usages malveillants des réseaux sont nombreux et dénoncés régulièrement. Faut-il mentionner les campagnes électorales américaines ou la dérive des commentaires haineux, voire du harcèlement? La diffusion de propos conspirationnistes ?

La défense autrefois avancée tenait au fait que ces plateformes ne sont que ça, des plateformes ou canaux de distribution, qui sont agnostiques des contenus diffusés.

On sait très bien qu’il n’en est rien. Non seulement les réseaux connaissent bien les contenus qui y circulent, mais c’est pratiquement au cœur du fonctionnement des algorithmes qui sont à la base de leur approche et de leur… succès. Si les paramètres des algorithmes de ces plateformes ne sont jamais entièrement divulgués (non sans raison), on parvient à déduire que la nature même des contenus oriente la composition de ce qu’ils vous présentent. Suffit d’être annonceur sur ces plateformes pour constater les nombreux champs d’intérêts qui sont disponibles pour cibler des clientèles. Champs d’intérêt qui sont induits par les contenus qui sont lus par les utilisateurs, par les publications qui sont « likées », cliquées, commentées et partagées.

D’ailleurs, ces environnements en ligne utilisent des stratégies technologiques pour nous rendre captifs et éviter qu’on aille ailleurs grâce à des stratégies pour nous « engager » (c.-à-d. « liker », commenter, partager) et pour y arriver, les plateformes favorisent les sujets clivants, qui correspondent au profil qu’ils ont établi sur nous.

Devrait-on attendre que ces plateformes soient réglementées? Que leurs excès soient encadrés? Il y a longtemps que nous avons perdu nos illusions à cet égard, malgré les scandales, les dérapages et les horreurs que l’absence de réglementation engendre. Si certains réseaux tentent de mettre en place des mécanismes permettant un certain contrôle, le temps que les contrôles s’activent, il est souvent trop tard.

Pour le meilleur et contre le pire

Alors que faire? Être conscient de la manière dont fonctionnent ces réseaux est déjà un bon pas. Il est essentiel de ne pas se laisser faire et d’utiliser tous les moyens mis à notre disposition, notamment par les plateformes elles-mêmes, pour dénoncer les abus. Nous croyons que chaque utilisateur et utilisatrice des plateformes devrait éviter de participer aux débats qui dérapent en évitant de « nourrir les trolls » – c’est-à-dire de donner de l’attention à ce qui n’en mérite pas.

Nous croyons que l’usage que nous en faisons est respectueux de nos valeurs, en ce sens que nous nous en servons pour faire connaître des documents qui présentent des témoignages de personnes qui militent et ont milité pour rendre notre monde meilleur. Dans une perspective progressiste, fondée sur le respect des droits humains. Des valeurs que nous espérons partager avec vous.

Nous croyons qu’il est utile d’utiliser ces plateformes pour le meilleur, mais aussi d’en dénoncer le pire.

En savoir plus

Il suffit d’ouvrir un média pour en lire un peu sur le sujet. Voici quelques sources qui ont attiré notre attention.

• Le Wall Street Journal a consacré récemment un balado en 4 épisodes sur le sujet, intitulé The Facebook Files. Nous l’avons trouvé sur Spotify mais avec un peu de recherches, vous y aurez sans doute accès sur votre canal d’écoute de balado préféré. Voici un lien vers le premier épisode.

• Dans ce créneau, il y a aussi le film The Great Hack, mi-documentaire, mi-drame qui aborde le dossier Cambridge Analytica.

The social dilemma est un documentaire qui présente les témoignages d’ingénieurs qui ont mis au point toutes les technologies dont nous sommes aujourd’hui accros – comme celui qui a inventé le bouton « J’aime » – et qui expliquent comment ces technologies nous manipulent.

(Ces deux films sont disponibles sur Netflix, incidemment, une autre plateforme qui vise à nous rendre captifs et à nous faire bingewatcher toujours plus…)