Lorraine Guay
Série : Les Militantes / Les Militants |
S’il existait une étiquette de « militante émérite », on pourrait sûrement l’accoler à Lorraine Guay. C’est que cette femme originaire du Sud-Ouest de Montréal milite à gauche depuis le quasi début des années 60. Et elle continue aujourd’hui en ces temps troublants de remugle néolibéral et d’infection au chancre trumpiste. Elle a fait ses premières armes sur le dos de la religion catholique qui n’avait rien vu venir. Elle militait alors dans la Jeunesse étudiante catholique, terreau de réflexion et de mobilisation de l’époque.
Cela lui a valu un long séjour à Paris et une méga ouverture sur le monde, fenêtre qu’elle garde grande ouverte encore aujourd’hui. Effectivement, Lorraine Guay a à coeur la cause palestinienne, elle se désole du virage Ortega au Nicaragua, elle articule une belle réflexion sur les urgences environnementales, elle est intarissable sur la question de la santé mentale, elle déballe tout en douceur ses analyses et ses conclusions d’intellectuelle féministe. Elle est une femme de contenu qui semble placer l’analyse et le débat en amont de l’action militante. À la JEC, elle avait fait sien le leitmotiv «Voir Juger Agir».
Cela étant dit, vous comprendrez que Ferrisson n’a pu tout ramasser en deux segments de 27 minutes comme c’est généralement le cas depuis sa deuxième saison. Il a fallu ajouter un troisième segment et bidouiller des compléments bien tassés. Lorraine Guay, une infirmière ayant fait ses classes à la Clinique communautaire de Pointe-St-Charles, a eu une vie atypique dont le récit est captivant. Vous ai-je dit qu’elle a failli être tuée à trois reprises sous le feu nourri des forces gouvernementales au El Salvador ? Toute une vie ! Bon visionnement.
Compléments à l’émission
Éternelle militante sociale, éternelle résistante aux reculs
Lorraine Guay est une rebelle. Voilà pourquoi elle n’est membre d’aucun parti politique, d’aucune religion, d’aucune école. Elle est observatrice. Et quand elle constate un recul des droits, une banalisation de l’injustice, certains dérapages institutionnels, voire de l’iniquité électoralo-démocratique, elle intervient.
Ce qui veut dire qu’elle est activement solidaire des peuples palestinien, brésilien, nicaraguayen, salvadorien, des laissés pour compte de la Pointe Saint-Charles, des oubliés du réseau sociosanitaire québécois, des femmes, celles du Québec comme celles d’ailleurs.
Elle est de cette chorale de voix citoyennes évoluant à côté des institutions démocratiques et politiques du Québec. Par exemple, elle n’est pas de Québec Solidaire, mais de D’abord Solidaire, elle n’est pas du PQ, mais du Oui Québec et elle n’est ni d’Équiterre, ni de Greenpeace, mais de ce demi-million de montréalais qui a marché le 27 septembre 2019.
Toute sa vie, cette infirmière qui aurait aimé être médecin a milité activement et de façon non violente, contre les injustices et les inégalités. Elle l’a fait comme chrétienne progressiste, marxiste non radicale et, depuis belle lurette, comme femme de progrès en pleine possession de sa liberté, qui a beaucoup lu, écouté, réfléchi et essayé, donc comme une femme de sagesse qui a beaucoup à dire.
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