François Vaudreuil
Série : Les Militants / Les Militantes |
Écrire cette notice visant à introduire François Vaudreuil, personnage attachant qui a dirigé la CSD pendant 20 ans, c’est surligner en jaune pétant l’incroyable évolution qu’à connue le mouvement syndical depuis les années 70.
À l’époque, les militants syndicaux bien allumés avaient l’habitude d’admirer la CSN où on pratiquait un syndicalisme à la mèche courte et où les structures de la société et celles de l’économie étaient remises en question au même titre que l’étaient les conditions de travail. Qui plus est, il arrivait que dans la rue, l’on troque ses pancartes syndicales contre celles de l’indépendance, puisque la lutte des unes et des uns semblait devoir passer par un Québec libéré du fardeau idéologique canadien.
Alors imaginez la bouillante réaction quand le tiers du membership quitta la CSN pour créer la CSD. Des mots comme traîtrise et des expressions comme vendus aux Libéraux furent alors proférés un peu partout. Mais les années passèrent et un à un, les vieux de la vieille partirent. Ils furent remplacés par une relève mieux équipée pour affronter la triste réalité sociale des années 80 et 90. Ainsi, au fur et à mesure, plus personne ne se souvint de Marcel Pepin et de son Deuxième front. Plus personne ne sut expliquer la désignation Trois D. Et quand en février 2013, les concessionnaires automobiles du Saguenay-Lac-Saint-Jean imposèrent leur odieux lock-out, personne ne trouva étrange qu’un conflit affectant la CSD soit activement soutenu par la CSN, en fait, par l’ensemble du mouvement syndical québécois. Le fantôme éthéré du trio Dalpé-Dion-Daigle s’était complètement dissout dans l’air tonifiant du lac.
Il allait donc de soi que Ferrisson rencontre l’homme du grand rapprochement, de la réconciliation et de la normalisation, François Vaudreuil. Trop jeune pour avoir vécu le schisme de 1972, il sait cependant qu’une telle déconvenue peut se produire quand, dans un mouvement, la direction n’est plus à l’écoute de toute sa base. Fort de cette certitude, il a donc fait le nécessaire pour éviter l’écueil en ses 40 ans de militantisme syndical, dont 8 en tant que vice-président de la CSD et 20 comme président.
Dans cette émission, François Vaudreuil nous offre le récit de sa vie syndicale avec une bonhommie permettant de le suivre sans souffrance au travers des trois segments animés par l’intervieweur Patrice-Guy Martin.
Bon visionnement.
Compléments à l’émission. Cliquez sur les vignettes.
François Vaudreuil, leader émérite de la CSD, syndicaliste humaniste et démocrate
(Texte de narration dans la vidéo)
On dit qu’un jour, jour de grande colère, la CSN reçut un coup terrible lorsque le cinquième de ses syndiqués et la moitié de ses conseillers syndicaux claquèrent à tout jamais la porte, et ce dans le plus bordélique des décors noir et blanc.
La CSN coiffa alors les dirigeants sécessionnistes Dalpé, Dion et Daigle, alias les « 3 D », de la mitre des traîtres réactionnaires. Puis, elle s’enduisit les plaies d’un onguent anti-CSD et poursuivit son petit bonhomme de chemin dans l’évolution sociale.
Sauf que cette situation ne pouvait durer éternellement. Apparut alors à la CSD François Vaudreuil. Issu de la classe ouvrière, humaniste sérieusement opposé à la division des travailleurs, il devint la voix de la réconciliation. Son impensable souhait fut même encouragé par deux présidents de la CSN, Gérald Larose et Marc Laviolette. Résultat : aujourd’hui, de toutes les personnes actuellement actives tant à la CSN qu’à la CSD, aucune ne se souvient vraiment de l’affaire des « 3 D ». Même qu’on collabore et qu’on se soutient.
Le chaleureux François Vaudreuil a été président de la CSD pendant 20 ans, un mouvement où il a milité aux lendemains du schisme pendant plus de 40 ans. 40 ans qui ont filé à vitesse Grand V tellement il a aimé.
Merci Monsieur Vaudreuil.
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