Nous le monde ordinaire
Série : Émission spéciale |
Il y a cinquante ans aujourd’hui, le printemps québécois rejoignait l’automne 1970 au palmarès des grandes turbulences sociales particulières aux années 1960 et 1970. Initiative intersyndicale, le Front Commun des employés du secteur public québécois interpellait la population avec des revendications aussi simples qu’un plancher salarial à 100 $ par semaine, comme c’était déjà le cas dans le secteur privé.
Pendant deux trimestres pour le moins effervescents, des manifestations généralement audacieuses et créatives, parfois illégales et réprimées, occasionnellement répréhensibles et violentes, firent les manchettes quotidiennes. Comme en 70, il y eut mort d’homme, un jeune mineur de Wabush, Herman Saint-Gelais. Il y eut aussi des emprisonnements, cette fois des syndicalistes, dont les chefs des trois grandes centrales. Si la loi Trudeau des Mesures de guerre ne fut pas invoquée, le Québec vécut néanmoins de fiers moments d’une belle anarchie riche en souvenirs.
Des 210 000 syndiqués qui se pointèrent sur la ligne de départ, 59 % rangèrent ultimement macarons, autocollants et pancartes avec une convention collective acceptable en poche. D’autres, qualifiés à l’époque de « jusqu’auboutistes », on parle essentiellement ici des membres de la CEQ et des employés de la SAQ, se firent imposer un décret « tenant lieu de convention collective ». Et, en cours de route, un important contingent, le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec (SFPQ), fit cavalier seul, puis quitta la CSN. Sans oublier qu’en même temps, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) était créée, ravissant à la CSN quelques dizaines de milliers de cotisants essentiellement du secteur privé (construction, métallurgie, etc.).
D’entrée de jeu, dès la décision prise par Ferrisson de commémorer le cinquantième anniversaire de ces événements, un problème est apparu. Les archives de Ferrisson avaient beau être riches en témoignages de syndicalistes ayant vécu le Front Commun de 1972, la plupart d’entre eux liaient cette saga à celles de la CSD et du SFPQ; trois affaires cuites en une seule. Encore aujourd’hui, les militants les plus âgés parlent de « traitrise en pleine bataille ». On reproche notamment aux sécessionnistes d’avoir profité de l’emprisonnement du président de la CSN, Marcel Pepin.
Quoi qu’il en soit, cela explique la présence des trois affaires au travers des 17 récits assemblés en cette émission souvenir. Sauf 4 exceptions, ce sont des témoignages de première ligne que la petite OBNL de production a captés entre l’automne 2013 et l’hiver 2020. Nous rappelons ici que le mandat de Ferrisson est de cueillir les témoignages (expressions orales de mémoire) de militants et militantes ayant contribué de façon non violente au progrès social du Québec.
C’est tout cela que Ferrisson est fière de vous présenter aujourd’hui. Bon visionnement et, surtout, parlez-en autour de vous. Merci !
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