Normand Guimond
Série : Les Militantes / Les Militants |
Au cours des 40 dernières années, la carrière de Normand Guimond a été en phase avec la nature du syndicalisme québécois. Au départ, s’en fut un d’affrontements, de grèves, de lock-out, de tribunaux, un syndicalisme vécu par des gagne-petit, surtout des femmes anciennement laissées pour compte.
Puis, avec les particularités économiques des années 80, ce fut un syndicalisme moins «bottines capées», plus «veston cravate», qui se mit en place. Fallait désormais collaborer à maintenir l’entreprise en situation de pouvoir traiter correctement son personnel. Finie la ribambelle de grèves typiques aux années 60 et 70. Place aux poignées de mains patronales-syndicales pour le mieux être de l’économie québécoise. Dans cette foulée, naquirent nos deux fonds de travailleurs, celui de la FTQ (Fonds de Solidarité) et celui de la CSN (Fondaction),
Vue dans le quotidien de Normand Guimond, ces deux périodes se traduisirent par un temps d’âpres luttes contre un employeur moralement déplorable, une saga éprouvante coiffée victorieusement par une affiliation à ce qui allait devenir Unifor. Puis, virage majeur, l’économie régionale devint le principal souci du syndicaliste Guimond. Via le Conseil du Travail de la FTQ et le OK des hautes instances de cette centrale, il collabora grandement à la relance d’un secteur hautement défavorisé, Pointe-Saint-Charles.
Soit dit en passant, il s’agissait là d’une preuve de concept que le « Deuxième Front », ce rapport-doctrine articulé trente ans auparavant par Marcel Pepin et Pierre Vadeboncoeur, était éminemment faisable. L’actuel Chantier de l’économie sociale n’en est-il pas une admission ?
Compléments à l’émission
Homme d’entraide et de dévouement, syndicaliste courageux et efficace
Tout un personnage que ce Normand Guimond. Élevé dans la ruralité catholique, qu’est-ce qui pouvait le prédisposer à devenir syndicaliste et promoteur d’économie sociale ? Une seule chose: son éducation familiale basée sur la solidarité, l’entraide, le respect du travail, la dignité des individus et l’amour.
Dédiant sa vie au service des démunis, il opte d’abord pour la prêtrise avec les Fils de la Charité, une congrégation de prêtres ouvriers. Mais la brutalité de l’injustice à laquelle il se bute dès son arrivée dans le Sud-Ouest de Montréal, l’amène à reconsidérer son choix de vie: c’est comme syndicaliste et père de famille qu’il luttera contre l’oppression.
À son actif, une saga syndicale, celle des employés de la CLIX, une manufacture de fermetures éclair. Normand Guimond arrive à désaffilier le syndicat de la sinistre Fédération canadienne des associations indépendantes, pour en faire une composante militante du Conseil du Travail de Montréal et de la FTQ.
Devenu permanent à la FTQ, Normand Guimond s’impliquera à fond dans la revitalisation du Sud-Ouest de Montréal. En ce sens, il sera un des pionniers de l’économie sociale métropolitaine. Pas si mal pour un fils de St-Édouard-de-Lotbinière !
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